#69
été 2021
Un numéro,
4 couvertures localisées
ÉDITO
AUX JEUX OLYMPIQUES du tourisme de proximité, la compétition est âpre. Les territoires français rivalisent d’imagination pour vanter leurs paysages, leur gastronomie et leurs traditions ancestrales. Il s’agit désormais de capter l’attention du néorural, dans l’espoir de préserver nos équilibres territoriaux.
Le monde d’avant n’est plus. Ou ne serait plus. Le monde d’après est potentiellement associé à une vision idéaliste et soi-disant nouvelle de l’existence, vierge de cupidité et de mauvais calculs. Une vision pleine de bonnes intentions, avec moins d’argent, plus d’espace et de temps disponibles. Une vision dans laquelle l’Homme, avec un grand « H », refonde son modèle. L’opportunité est bonne pour nos campagnes de se revitaliser.
Faut-il croire vraiment en ce renouveau ? La période semble violente pour beaucoup d’êtres confinés malgré eux. Certains pensent sincèrement que l’art de vivre se reformate au gré d’une expérience collective inédite, avec des concepts de vie vus dans des reportages bienveillants. Mouais !
Les samouraïs du territoire n’ont pas attendu cette crise pour vaincre les idées reçues. Ils sont là depuis longtemps, en pionniers ruraux, droits dans leurs bottes. Ils fabriquent des tartes à Nantoux, militent pour une viticulture biodynamique et respectueuse des terroirs. Ils sortent de leur confort d’artiste de la télé pour faire du théâtre en province et défendent leur savoir-faire. Ils se défoncent pour extraire du terroir le plaisir ultime des papilles. Ils ont leur place dans Bourgogne Magazine.
On ne peut pas apprécier un paysage sans connaître ses gardiens et ses transformateurs. On ne peut pas comprendre un espace sans l’avoir vraiment respiré. On ne peut pas aimer sincèrement un bœuf charolais sans l’apprécier dans l’assiette… jusqu’au moindre de ses rognons. Sinon, cela serait parfaitement hypocrite. Paradoxal non ? Pas vraiment. Le terroir a ses règles dictées par le bon sens. Sur ce point, si vous nous lisez, nous sommes sur la même longueur d’ondes.
SOMMAIRE
HOMMAGE À
NOS SŒURS
Si les religieuses de La Grande Vadrouille sont la référence de beaucoup de Français, Colette Guibert s’est attachée à recréer à l’identique la tenue originale des sœurs hospitalières de Beaune, ordre fondé par Nicolas Rolin en 1459, dont la règle associe vie monastique et soins aux pauvres.
THIBAULT DE MONTALEMBERT
Installé depuis 10 ans dans un petit village du Montbardois, le couple de comédiens monte, tous les étés, des tournées théâtrales dans la région. Cette année, entre le château du Clos de Vougeot ou celui de Bussy-Rabutin, leur compagnie Célébration 43 est passée par le domaine Chapelle de Blagny à Puligny-Montrachet, où nous les avons rencontrés. Hélène et Thibault sont définitivement 100% adoptés par leur région de cœur.
CARNOT,
ILLUSTRE LYCÉE
Carnot, par le nom qu'il porte et son envergure, est une institution dijonnaise qui a vu passer de nombreuses célébrités sur ses bancs. Plongée dans l’histoire de ce « bahut » d’excellence et sur le trombinoscope de quelques illustres élèves.
LE DERNIER DES CHARBONNIERS
À Arthonnay dans le Tonnerrois (Yonne), aux confins de la Champagne et du Châtillonnais, Gabriel Taviot fait fumer le savoir-faire des charbonniers. Le dernier représentant d’un métier séculaire, entouré de mystères, répète patiemment les gestes familiaux pour « tirer un charbon » aux qualités insoupçonnées. Une ode à l’artisanat et à la forêt.
MONÉTEAU
ON ICE !
À côté d’Auxerre, la patinoire
CyberGlace de Monéteau ne paie pas de mine. C’est pourtant une des seules patinoires privées de France, née de la passion d’un ingénieux tandem qui en a fait un paradis pour les patineurs pros, et un exemple en matière de gestion énergétique.
AZÉ : MONTS
ET MERVEILLES
Le site des grottes d’Azé, dans les
monts du Mâconnais, est pour les scientifiques et spéléologues une sorte de sac magique à la Mary Poppins dont l’exploration n’en finit pas. Parmi les plus anciens sites d’occupation humaine répertoriés en Bourgogne, il propose à la visite deux des sept cavités déjà découvertes, révélant des merveilles naturelles, des ossements dans un état exceptionnel, des vestiges gallo-romains et une rivière souterraine.
GUÉRIGNY
FORGE SON DESTIN
Avec Arc-et-Senans (Doubs), Guérigny (Nièvre) est l’une des deux seules villes de France à l’architecture XVIIIe siècle. Une identité que l’on doit à Pierre Babaud de la Chaussade, propriétaire des forges, qui a considérablement changé le visage de « ce petit bourg de quelques maisons » pour en faire, 300 ans plus tard, un des fleurons architecturaux du siècle des Lumières.
HAUTES-CÔTES,
RENCONTRES
AU SOMMET
Du nord au sud et inversement, des
paysages de vignes, forêts et plaines céréalières s’entrecroisent, rythmés par un chapelet de villages dont les clochers abritent des esprits créatifs, attachés à leur territoire. L’arrière-côte a quelque chose de l’idéal bourguignon. On y produit les fameux Hautes-Côtes de Beaune et Hautes-Côtes de Nuits, au sommet de leur art, toujours accessibles.
Tout un art de vivre à savourer.
ON BULLE
EN VENDANGES
Au domaine Parigot & Richard à
Savigny-lès-Beaune (Côte-d’Or), on bulle dès les vendanges, car la récolte du raisin et le travail qui s’ensuit sont primordiaux dans la qualité des futurs crémants de Bourgogne. Pour les effervescents, les premiers coups de sécateur sont toujours précoces et, en cuverie, les cépages aligoté, chardonnay et pinot noir passent obligatoirement par le pressoir avant le délicat assemblage. Suivez le guide.
CLAUDOT,
SI HAUT EN COULEUR
À l'approche des 40 ans de sa mort, le musée des Beaux-Arts de Dijon accueille la rétrospective « André Claudot, 1892-1982 - La couleur et le siècle ». Une façon de traverser le XXe siècle avec ce peintre dijonnais militant pour le bonheur et la fraternité, qui fut tour à tour antimilitariste en 1914, dessinateur politique dans la presse libertaire, professeur en Chine dans les années 20, témoin du Front populaire, résistant et anti-colonialiste.
PICASSO
AU PAYS DES ZERVOS
Jusqu’au 19 septembre, le musée Zervos de Vézelay « s’offre » Picasso avec une exposition consacrée aux liens qui unissaient le peintre et l’éditeur vézelien de cœur, Christian Zervos. Une relation de plus de 40 ans mise en lumière par une sélection de toiles, gravures, dessins et photos.
CAHIER COMTOIS
Des rudes conditions du Jura sont nés des savoir-faire uniques, qui tirent profit des ressources naturelles (le bois, l’eau, la corne…) et s’adaptent aux contraintes d’un hiver long. Des microtechniques souvent, à l’origine des lunettes, pipes et autres stylos qui font la réputation de ces montagnes. Sans oublier le roi comté ni le sel de saumure, qui font les délices des meilleures tables du pays. Petit road trip entre musées et ateliers
en terre de savoir-faire.