AVEZ-VOUS UNE SEULE FOIS goûté une gnôle fraichement sortie de l’alambic ? Elle vous arrache la bouche, vous brûle un peu les boyaux avant de vous donner le tournis. Ce numéro de Bourgogne Magazine a quelque chose de cette sensation. Il raconte ces petites histoires qui font les grands pays, sans chercher à empapaouter le lecteur à grands coups de surenchère verbale. Mais ce qu’il distille est brut et enivrant.

Le mot d’ordre. Toujours aller chercher la vérité là où elle se trouve. Ne serait-ce que pour comprendre ce que les habitants de Bourbon-Lancy trouvent à leur beurdin fétiche, un être facétieux qui navigue entre dérapage et grandeur. Puis se demander quel magicien bienveillant a bien pu se pencher sur Uchon. Entre la Pierre qui croule, le Carnaval et le Nez de chien, la nature s’y exprime à sa guise. La perle du Morvan est prête à accueillir les coureurs du Tour de France en juillet.

Ce drôle de numéro fait aussi une grande immersion dans un drôle de pays de vins et de légendes, à la pointe sud de la Côte de Beaune. Le Couchois a de beaux châteaux, de mystérieux menhirs, une bête faramine qui sort une fois tous les vingt ans, un esprit militant et les parfums de Marguerite de Bourgogne. Il enchante.

Nul besoin alors de saisir l’agrafeuse et coller au mur la carte du monde pour voyager loin. Notre époque pense avoir tout inventé. Elle oublie qu’autrefois, les mamans tricotaient déjà des préservatifs et que Léonard de Vinci était à deux doigts de voler. Commençons par voir ce qui, tout près de là, nous en apprend sur nous-mêmes. À Langres, nous le rappelons dans ces pages, Diderot a mis un siècle avant de se faire reconnaître. Ne passons pas à côté de toutes ces richesses à portée de regard. Bourgogne Magazine apporte une nouvelle fois la preuve que l’étonnement et l’enrichissement personnel sont dans la proximité. C’est à lire sans modération.