#55
NOVEMBRE 2017
Couverture nationale
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Couverture nationale
L'ÉDITO
Ne perdons pas le nord… Et gardons les pieds dans le terroir ! Il ne se passe pas un jour, en effet, sans qu’on apprenne, à la manière du mercato footballistique, que tel ou tel domaine vient d’être racheté à prix d’or par telle ou telle personnalité. Dans la catégorie poids lourds, François Pinault a pulvérisé tous les records cet automne, en se portant acquéreur du Clos de Tart et ses à peine plus de 7 hectares pour la modique somme de 250 millions. On reste sans voix.
La Bourgogne a ceci de particulier qu’elle se montre en quête de survie en son cœur minéral et naturel qu’est le Morvan, alors que la bande viticole née d’une faille, joue de plus en plus dans le clan des stars sur un marché mondial, au point de poser quelque distance avec les amateurs régionaux de ses crus, ses plus fidèles serviteurs pourtant, qui ont de moins en moins les moyens de mettre un bourgogne sur leur table. Qu’ont donc en commun le néorural de Lormes et le néopropriétaire de la Côte de Nuits ? Qu’ont-ils à espérer de leurs investissements respectifs, si peu comparables ? Un minimum de confort de vie à moindre coût et de la très haute définition pour le premier ? Un prestige qui le fera briller en société pour le second ?
Il est bien difficile de trouver une cohérence dans tout cela. Mais, encore une fois, ne perdons pas le nord. Et gardons les pieds dans le terroir, en faisant la fête aux saveurs, en cherchant, en fonction de nos propres moyens bien sûr, le meilleur des accords mets et vins, celui qui nous fera voir la vie en rose.
Apprécions aussi à sa juste valeur ce formidable patrimoine néogothique qui se livre sans contrepartie financière au détour de nos pays. Contemplons l’œuvre de Ming, pas plus accessible qu’un grand cru il est vrai, mais tellement puissante à regarder qu’elle nous irrigue par sa seule exposition dans nos pages. Célébrons le retour du chanvre dans l’Yonne. Vivons chaque instant comme s’il était le dernier.
Dans le dédale des nouvelles qui s’entrechoquent, mieux vaut éviter de hiérarchiser les faits et les sentiments. Mieux vaut fuir les évidences pour se plonger, par exemple, dans des lectures qui rendent plus riches, d’une toute autre façon. Dans ce si petit village de Vézelay, colline éternelle pour écrivains éternels, Jules Roy, Max-Pol Fouchet, Romain Rolland, Bernard Clavel et quelques autres ont ainsi croisé les lignes pour mieux élever notre esprit, jusqu’aux étoiles chères à Julius. Et ça, quoiqu’on en dise, on ne l’achète jamais, on le gagne à la sueur de nos intentions.
”
Dominique Bruillot
AU SOMMAIRE
Arrivé à l'école des Beaux-Arts de Dijon au début des années 80, Yan Pei-Ming s'est imposé comme un peintre contemporain majeur, tout en restant fidèle à la cité des ducs. En exclusivité, l'artiste au verbe rare nous a ouvert son atelier pour parler de son travail et de son attachement à la capitale bourguignonne. Rencontre avec un taiseux au geste volubile.
Easy Rider au pays des gens heureux. Quelques bikers dijonnais ont posé leur casque dans une cité en ébullition, pile poil au cœur de la France. Étonnamment peuplée d'artistes et de gens militants de leur Morvan, Lormes se contruit un avenir enviable, entre les promesses du numérique et les bienfaits du terroir. Hors norme, Lormes ? "Ville du futur", promet-on.
Près de Tonnerre, dans les décombres d'une cimenterie, une petite entreprise met en valeur le chanvre cultivé dans l'Yonne pour en faire des couvre-sols très écologiques. L'idée originale a germé dans le cerveau écolo de Frédéric Roure, patron de l'entreprise Géochanvre.
Dans son domaine situé aux Arsures (canton d'Arbois), la famille Dugois transforme le vin en or. Tous les ans, elle se réunit autour de ce précieux liquide pour un rituel immuable : la création de sa cuvée de vin jaune par assemblage. Une opération délicate, qui demande autant de palais que de tour de main...
Portée par des plasticiens et street artistes de talent, la carrière de Villars-Fontaine a fait le plein l'été 2017 à l'occasion du festival organisé depuis plusieurs années par la dynamique commune des Hautes-Côtes de Nuits. Retour en images dans la magie d'une arène pas comme les autres.
Le néogothique a retrouvé ses lettres de noblesse patrimoniale, en particulier en Bourgogne où ce mouvement du XIXe siècle né d'un certain nationalisme romantique s'est pleinement exprimé. Petite balade à la découverte des monuments de la région qui ont tardivement redonné vie à l'architecture médiévale...
À Rungis, il dirige Le Delas, une gigantesque épicerie pour les professionnels de la restauration et des métiers de bouche. À Toury-sur-Jour, dans la ferme familiale transformée en gîte, il entre en communion avec la terre de ses origines nivernaises et y produits d'incroyables légumes pour les chefs les plus exigeants. Bienvenue dans le jardin d'enfer d'Antoine Boucomont.
Vézelay porte la mémoire des écrivains qui y ont trouvé refuge, calme ou inspiration. À l'ombre de la basilique, ce ne sont point des pâles qui ont arpenté les rues, mais des esprits invincibles, dont les vies furent un combat et les écrits des armes. Romain Rolland, Jules Roy, Max-Pol Fouchet, sans oublier Maurice Clavel ou Georges Bataille... Vézelay, refuge des Redoutables !